Il y a des gens qu’on rencontre comme ça, au courant d’une activité professionnelle ou autre, et qui nous renverse & nous inspire de leur talent créatif et de communication. Carla Baz et l’une de ces personnes. J’ai eu le plaisir de la rencontrer à Maison & Objet à Paris, en septembre 2018, alors que le Liban était le pays à l’honneur et que plusieurs de ses jeunes créateurs étaient récompensés.
Née à Beyrouth où elle y a vécu jusqu’au bac, elle a par la suite entrepris des études à Paris à l’ESAG Penninghen et en Suisse à l’Ecal où Carla a complété un master en design de produit pour l’industrie du luxe. Comment en est-elle arrivé à créer sa propre marque d’objets décoratifs, de lampes et de meubles? J’ai eu le plaisir de la rencontrer pour lui en jaser.
Voici Carla Baz en 5 questions
Carla, après tes études comment as-tu débuté dans le monde du design?
Après mes études j’ai eu la chance de travailler à Londres pour Burberry et Vivienne Westwood où je faisais partie des équipes de design de boutiques et visual merchandising avant de me consacrer entièrement au développement de produits au sein de Zaha Hadid Architects. C’est grâce à cette combinaison d’influences et d’expériences que je me suis suffisamment armée de confiance pour rentrer au Liban en 2013 et monter mon propre studio. J’avais envie d’explorer mes propres lignes et de reconnecter avec cet héritage artisanal que nous avons au Liban afin de créer des objets qui sont ancrées dans cette relation spéciale qui unit la main qui dessine et la main qui fabrique.
Comment dirais-tu que tes racines libanaises et françaises influencent ton travail?
Le Liban comme la France partagent cet amour de l’artisanat d’art quoique chacun a ses propres idiosyncrasies. Je pense que la France m’a véhiculé le respect de l’artisanat et la liberté de créativité et le Liban m’offre un immense canevas riche en savoir-faire et possibilités afin d’interpréter et créer les objets que j’aimerais. Après tout ce n’est pas un hasard que Jean Royère lui-même ait ouvert un bureau à Beyrouth dans les années ’50 à partir duquel il développait de magnifiques meubles pour sa clientèle au Moyen-Orient.
Dans quelle direction vois-tu tes créations évoluer pour 2019?
Actuellement je travaille sur des luminaires pour un restaurant, des commandes particulières et je développe ma propre collection issue de mon dernier solo show ‘Stratagems’ ou j’ai traité le marbre et ses différentes possibilités. A travers cette nouvelle collection de meubles, j’ai voulu casser les codes de notre utilisation de ce matériau et le rendre plus délicat et vulnérable à nos yeux. J’ai donc développé 3 types d’objets: tables, luminaires et étagères où le marbre est décontextualisé afin de permettre une adaptation totalement nouvelle et différente.
Je suis d’ailleurs très heureuse de son succès et j’aurai la chance de faire partie des exposants a la prestigieuse foire de Design “Collectible” qui se tiendra à Bruxelles en Mars prochain, ou j’aurais l’occasion de présenter ces pièces en 2019.
Tu fais partie des « trailblazers » de cette nouvelle génération de designers au Liban. Comment vois-tu ce nouvel essor se jouer dans les prochaines années?
Je pense que la scène artistique au Liban connait un grand succès et particulièrement le design. C’est sans doute parce que nous sommes un pays avec un quotidien difficile, un contexte politico-économique compliqué et sans doute énormément de ressources que nous choisissons de combattre avec créativité. Pour ma génération, cette créativité est synonyme de résilience et d’espoir. C’est notre façon de passer à l’action, de se dire à soi-même et au monde, regardez ce dont nous sommes capables de faire avec nos petits moyens.
Je pense que les libanais ont énormément de talent et beaucoup d’inventivité dans le développement même de travaux en dépit des limitations parfois imposées. Cette inventivité, nous pouvons la mettre au service de plusieurs secteurs et champs d’applications et je pense que dans les prochaines années, cette scène va gagner en structure et opportunités. Ce qui est intéressant, c’est que nous sommes tous en train d’explorer ensemble la notion d’identité culturelle, d’identité individuelle et d’aboutissement avec l’aide de nos supports locaux et d’initiatives comme House of Today, Beirut Design Fair ou Joy Mardini Design Gallery qui militent pour nous promouvoir sur la scène Globale. D’ailleurs nous commençons à avoir la reconnaissance de la part d’acteur importants de la scène du design globale comme le salon Maison & Objet qui a choisi cette année de mettre le Liban à l’honneur.
Tu as remporté un prix de design au salon Maison & Objet de septembre dernier. Qu’est ce que cela représente pour ton travail, sa réception à l’international et les opportunités futures?
Pour une jeune designer, ce prix peut changer énormément de choses ne serait-ce que par l’incroyable visibilité et plateforme que le salon Maison & Objet représente. Nous avons tous eu la chance de rencontrer des personnes intéressées par nous, nos créations et de former des collaborations.
Pour ma part, j’ai eu la chance d’entamer quelques projets auxquels je n’aurais pas pu accéder autrement. Ce prix représente une immense fierté déjà de représenter le design libanais et ensuite de se placer sur la scène internationale et de montrer ce que nous sommes en train de réaliser chez nous.
Pour en apprendre davantage sur cette designer d’exception, visitez son site ici même. La prochaine édition de Maison & Objet se tiendra du 18 au 22 janvier 2019 et la Chine sera le pays à l’honneur.
Les photos sont une gracieuseté de Carla Baz Studio et prises par Joy Mardini Design Gallery, Tarek Haddad & Marco Pinarelli
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