LE DESIGN NOM MASCULIN…OU PRESQUE
L’art, la mode, et l’industrie sont tous des éléments qui ont su influencer l’avènement du design et permettre à cette discipline créative d’être empreinte d’une variété de couleurs.
Lorsque vous pensez à l’aménagement intérieur, à l’art visuel et aux tendances modes, quels sont les noms qui vous viennent en tête? Mies Van der Rohe? Dali? Ou même Christian Dior? Ces hommes ont en effet marqué les disciplines d’arts visuels, mais qu’en est-il des femmes? Comment ont-elles été en mesure de faire leurs places dans des milieux qui, au début du 20e siècle, étaient pratiquement réservés aux hommes?
Bonjour, je m’appelle Marie-Ève Lapointe, je suis designer d’intérieur et fondatrice de Point Design. Étant passionnée par la place que prennent aujourd’hui les femmes dans ce milieu, je m’efforcerai de vous faire découvrir quelques grandes créatrices des siècles passés. Le tout dans un billet mensuel qui vous permettra de voir l’influence que ces pionnières ont eue dans la façon dont on traite désormais nos espaces de vie!
Sur les traces d’ Elsie de Wolfe
D’abord actrice, elle est reconnue pour ses habits de scène, qu’elle sélectionne soigneusement. Ayant du flair pour le bon goût, elle se positionnera plus tard comme une pionnière de son milieu. C’est pendant qu’elle opérait les travaux de sa demeure, où elle vit avec « Bessie » Marbury, que de Wolfe décide de changer de vocation et d’entamer une carrière en décoration intérieure. C’est alors en 1905 qu’elle marquera l’histoire en devenant la première décoratrice intérieure en Amérique.
Ses idéaux qui réfutent les dogmes du style victorien, s’imposent en des couleurs douces et chaleureuses, en des formes simples (pour l’époque!) et en une composition moins formelle que ce qui était observé. Elle s’impose dès lors en faisant le stylisme intérieur du premier « club » féminin de la ville de New York, le Colony Club. Elle utilise des chintz glacés, ces toiles de coton imprimées de motifs variés, qui permettent d’instaurer un style plus féminin et sophistiqué. Elle travaillera ensuite sur les décors d’un bon nombre d’établissements privés et publics. Elle publiera par la suite un livre de qui eut une influence majeure à l’époque intitulé The House in Good Taste .
Elsie de Wolfe se positionnera réellement dans le milieu de la décoration intérieure lorsque, Henry Clay Frick, homme d’affaires prolifique et collectionneur d’art réputer lui octroie le mandat de décorer son imposante résidence. L’immeuble occupe le quadrilatère entre la 5e avenue, la 70e et 71e rue de New York (encore visible aujourd’hui). Elle fera une entente avec le propriétaire pour prendre en charge 14 pièces de l’étage supérieur de la propriété. Grâce à ce contrat, elle sera une des premières à être rémunéré à la commission, calculée en rapport à sa contribution à la collection d’art de Frick.
Plus tard, son mari et elle se procureront la Villa Trianon où elle laissera libre cours à sa créativité ce qui contribua à enrichir le lègue de cette femme libre et féministe, avant son temps. Elsie de Wolfe, première décoratrice américaine laisse derrière elle une attitude et une façon de penser.
Elle nous inspire encore
Elle sera celle qui influencera la mode d’un nouveau style où le Victorien, dominant à l’époque, où sont mis en valeur les décors monochromes aux textures variées et aux motifs assumés.
La femme d’affaires laisse aussi derrière elle les chintz (toile) imprimés glacés encore bien présents aujourd’hui. Même si la composition des toiles a changé, le style demeure et permet d’égayer un décor avec de petites touches ou avec des pièces maîtresses.
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