J’ai toujours été une collectionneuse née. Si je trouve un objet que j’aime, une partie de mon cerveau s’allume immédiatement et me dit tu devrais peut-être en acheter un autre. Pour tempérer mes instincts, je pratique la retenue pour ne pas laisser mes collections devenir trop importantes, envahissantes, ou juste trop couteuses. Et pour m’assurer que ces objets chéris ne deviennent pas des ramasse poussière, je les déplace fréquemment pour en faire de jolies vignettes. C’est aussi dans ces moments que je vois s’il est temps de me séparer de certains d’entre eux.
Et je ne pense pas être la seule à collectionner. Pensez-y, y a-t-il quelque chose que vous aimez avoir en plusieurs exemplaires? Des tasses de thé en porcelaine peut-être, ou comme moi les plats en Pyrex, des pères noël vintage déclinés en toute sorte d’objets, ou encore les magazines de déco, ou les plantes dans des pots vintage des années 60 ou 70? Il n’y a pas de limite à ce qu’on peut collectionner et j’ai toujours plaisir à parler à des gens qui ont des collections plutôt inusitées.
Mais aujourd’hui c’est à une époque particulière que je vais m’attarder. Parce qu’il y a quelque chose de tout à fait charmant dans les objets de collection colorés et fantaisistes fabriqués après la Seconde Guerre mondiale. Si le kitsch est parfois classé comme une forme d’art considérée disons inférieure ou criarde par rapport à d’autres œuvres, le lien sentimental que les collectionneurs et collectionneuses entretiennent avec ces pièces est indéniable.
Ce qui est intéressant avec le kitsch c’est qu’il change avec les décennies. Comme m’ont partagé sur le podcast Déco Thérapie Caroline Dubuc et Roxanne Arsenault, autrices du livre Kitsch Québec, les années 20 étaient kitsch vu du regard des années 60, alors que les années 50 et 60 sont kitsch à nos yeux contemporains. Ces objets, produits à la chaine et, à leur époque de fabrication, sans grande valeur commerciale étaient conçus pour faire sourire les gens et apporter une touche de fantaisie dans les années 1950 et 1960. Ces objets, aujourd’hui convoités, continuent de le faire avec leurs couleurs vives, leurs visages mignons, leur mimétisme, et leurs expressions charmantes. En plus, je pense que les gens aiment ce sentiment de nostalgie que ces objets évoquent : ils ont peut-être été vus dans des émissions de télévision populaires, ou dans le sous-sol des grands-parents et nous rappellent des souvenirs d’enfance.
Prenons par exemple les « spaghetti poodles » qui sont le produit d’une combinaison de la mondialisation et une croissance de la « pop culture » qui a rendu les caniches spaghetti un objet à collectionner. Je pense aussi que Hollywood a eu un impact sur l’engouement pour les caniches spaghetti. Elizabeth Taylor possédait un caniche de compagnie en 1955 et Audrey Hepburn est apparue avec deux caniches lors d’une séance de photos pour son film, Sabrina, en 1954. Les objets décoratifs n’ont pas pris longtemps à suivre le pas.
Dans l’après-guerre, un caniche spaghetti faisait référence à une nouvelle ère. Et donc, Ce qui a été collecté durant cette période parlait de cette nouvelle vision internationale. Les caniches spaghetti étaient des figurines pour le salon ou la salle à manger – les pièces où l’on recevait de la compagnie. Il ne s’agissait pas de n’importe quelle figurine Mid Century, comme les figurines d’enfants Hummel populaires à la fin des années 1940 par exemple. Les caniches spaghetti étaient spéciaux pour leur forme unique et leur art de la sculpture. Un collectionneur pouvait reconnaître le savoir-faire et la créativité de l’artisan dans les fils de céramique « spaghetti » formés individuellement. Un collectionneur intéressé pouvait reconnaître les différences subtiles entre les versions américaines, italiennes ou japonaises de cette forme d’art.
Il y a aussi les figurines de sirènes et de plaques murales de poissons vintage, datant des années 1940 et 1950 qui figurent dans le kitsch très convoité. Ces objets étaient achetés dans les magasins de bric à brac ou dans les boutiques de souvenirs. Les sirènes peuvent être blondes, rousses ou brunes. Elles sont accompagnées de bulles, de parasols et de miroirs à main, et font parfois du stop sur un dauphin ou un hippocampe ou font la sieste sur une étoile de mer. Vert citron, bleu, rouge, jaune, sarcelle et gris sont quelques-unes des couleurs dans lesquelles les ailerons arrière ont été peints. Les merboys (sirènes mâles) sont particulièrement difficiles à trouver, surtout ceux qui sont fabriqués en Allemagne. Les collectionneurs aiment aussi trouver des vases, des jardinières, des mugs et des tasses en forme de sirène. Les variétés japonaises portent généralement un cachet. Certaines pièces rares n’ont pas d’étiquette ou de marquage. Norcrest, Lefton, Napco, Ceramicraft, Bradley, Freeman-McFarlin, DeForest et Joty sont quelques-uns des fabricants qu’elle possède.
Les sirènes vintages sont très recherchées aujourd’hui et sont très rares, alors préparez-vous à dépenser plus de 150 dollars pour une seule sirène. Bien sûr, l’état est primordial lorsqu’il s’agit d’objets de collection vintage et l’état neuf ou presque neuf entraîne des prix plus élevés. Si la sirène est vendue par paire (2 ou 3 sirènes) ou si elle a sa boîte d’origine, le prix grimpe en flèche jusqu’à 350 $ et plus.
C’est quand même incroyable non, et ce ne sont là que deux exemples d’objets kitsch. Je pourrais passer la journée à vous en partager davantage comme les accessoires de bar tiki ou encore les lampes en plâtre marquées Canada et qui ont une énorme truite dessus. Mes voisins de chalet en ont justement une exceptionnelle que je tente par tous les moyens de leur acheter. Un jour peut-être.
Ne manquez pas l’entrevue sur le podcast de Déco Thérapie, disponible sur toutes les plateformes d’écoute.
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